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 Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. »

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Lenora Eastwood
Lenora Eastwood
₪ Fille de l'amiral

Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » Dany-smile-205_1
₪ BOUTEILLES À LA MER :
480
₪ PERSONNALITE UTILISEE :
Emilia Clarke
₪ ALTER EGO :
//
₪ STATUT SOCIAL :
Otage à bord du Burning Bright
₪ PHRASE FETICHE :
Ça porte malheur d’avoir une femme à bord, même une femme miniature.
Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » Empty
MessageSujet: Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. »   Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » EmptyDim 9 Aoû - 17:07

Hissez la Grand-Voile !
NomEastwood
Prénom(s)Lenora
Âge22 ans
Lieu de naissanceInde
GroupeCitoyens de Sophistown
RangFille de l'amiral
LocalisationÀ bord du Burning Bright
Accès au Royalty Club Non, étant une femme, elle n'a jamais pu y mettre les pieds...
Avatar Emilia Clarke
Image ©️ Giphy
Levez l'Ancre !
₪ Sale Caractère.
Il ne faut pas se fier à la mine angélique de Lenora : elle cache en réalité un caractère colérique qui se mêle à une bonne dose d'orgueil. Elle n'est pas méchante, simplement elle a été élevée dans une cage dorée et le retour à la réalité peut s'avérer un peu laborieux ! En tout cas, on ne peut nier le fait qu'elle ait du courage, à moins que cela soit de l'inconscience... Persévérante, la demoiselle est aussi une grande rêveuse, et elle est prête à accomplir toutes sortes de folies pour parvenir à ses fins. Lenora est spontanée et, le plus souvent, elle ne peut pas s'empêcher de foncer tête baissée. Observatrice, elle est bornée et a du mal à passer au-dessus de la première impression qu'elle se fait d'une personne.
Larguez les Amarres !
₪ Une place dans ce monde.
Fondée il y a sept ans, Sophistown est une ville prospère bien qu'encore jeune. Qu'est-ce qui t'a amené à t'y établir ? Quels espoirs fondes-tu dans cette cité ?
Lenora n'a pas eu le choix en allant s'installer à Sophistown : fille de l'amiral de la Compagnie des Indes Orientales, l'homme qui a lui-même été mandaté par le Roi pour fonder la ville, elle ne pouvait que suivre son père ! Elle aurait préféré demeurer en Inde, son pays natal, cela dit... Les années et l'arrivée de nouvelles personnes ont fait qu'elle s'est habituée à sa vie là-bas, mais cette cité n'a jamais été suffisante pour elle : Lenora a toujours rêvé d'aventures au large, de liberté... Sa cage dorée à Sophistown était donc bien loin de la satisfaire !

Les pirates constituent une menace pour la ville et son épanouissement. Que penses-tu de ces forbans ? Crains-tu leurs attaques ou es-tu trop inconscient pour te préoccuper de ce danger ?
La demoiselle a toujours été secrètement fascinée par les pirates, bien qu'elle n'en ait jamais parlé à personne. Lorsqu'elle se trouvait à Sophistown, elle ne pensait pas être en danger, son père étant le garant de la sécurité de la ville, elle nourrissait une confiance aveugle en ses capacités. Cependant, maintenant qu'elle se retrouve captive sur un vaisseau ennemi, elle prend la mesure du péril auquel elle s'expose avec ces forbans... Ainsi, elle n'a jamais autant été en danger qu'en ce moment-même et, pourtant, elle ne s'est jamais senti aussi proche de la liberté !

Côté terre, la ville n'est protégée que par un rempart et personne ne sait vraiment ce qui se cache sur ce nouveau continent... À ton avis, les efforts conjugués du Gouverneur et de la Compagnie sont-ils suffisants pour garantir la sécurité du peuple ?
Sans hésiter, Lenora rétorquerait à tous ceux qui critiquent la sécurité du rempart qu'ils n'ont aucune raison de se faire du soucis. Après tout, la ville n'a jamais essuyé d'attaque en sept années, et les rares autochtones rencontrés depuis la fondation de Sophistown se sont merveilleusement bien intégrés à leur société ! Pourquoi donc alarmer les citoyens de la colonie pour si peu ? De toute manière, Lenora est persuadée que son père serait en mesure de faire face si jamais un problème devait survenir du côté des remparts : s'il y a bien un sujet avec lequel l'amiral Eastwood se montre irréprochable, c'est sa carrière...
Parez à Virer de Bord !
PseudoMacha/Méphi.
Âge22 ans
Comment vous avez connu Raging OceansTout simplement en le créant  Arrow
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Conseil(s), suggestion(s)Je conseille à tous ceux qui liront cette fiche de me vénérer. Voilà.
Présence7/7 en temps normal  cutie
Dernier mot de défiVive la baignoire du Burning  baignoire
©️ Méphi.
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Lenora Eastwood
Lenora Eastwood
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MessageSujet: Re: Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. »   Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » EmptyDim 9 Aoû - 17:08

En avant toutes !
₪ Laisser une Trace.




Dans mes veines, ce n'est pas
du sang qui coule,
c'est l'eau, l'eau amère
des océans houleux...

B
ombay, mars 1748. Le matin où Theodore Eastwood entendit le premier cri de son enfant retentir, la chaleur était écrasante. Cela faisait déjà trois jours que la température n'était pas descendue en dessous des trente degrés, qu'il fasse clair ou que ce soit la nuit, et la pluie diluvienne qui tombait sur la ville n'arrangeait rien. La semaine ayant précédé l'accouchement fut difficile, enveloppée dans cette atmosphère saturée d'humidité, aussi le membre de la Compagnie des Indes Orientales s'inquiétait-il pour la vie de son épouse. Ses craintes s'envolèrent et il poussa un long soupir de soulagement lorsqu'il pénétra dans leur chambre et vit le sourire de sa femme. Dégoulinante de sueur, elle semblait exténuée. Pourtant, le bonheur que Theodore pouvait lire dans ses yeux était sans égal.
« Votre épouse est simplement épuisée, mais sa santé est hors de danger... Tout comme celle de votre fille. » Les paroles de l'accoucheuse se voulurent rassurantes, et Theodore prit soudainement conscience du fait que sa famille venait de s'agrandir. Une fille. Cette annonce ne constituait pas une mauvaise nouvelle aux yeux de l'homme : que sa descendance soit masculine ou féminine lui importait peu, chaque sexe avait ses avantages. En effet, étant de nature prévoyante, Theodore avait déjà réfléchi aux possibilités qui s'offraient à lui concernant l'éducation et l'avenir de son enfant.
Ainsi, s'il devait s'agir d'un héritier mâle, il aurait embrassé la cause de la Compagnie, à moins qu'il ne se soit dirigé vers la voie de la politique et de la diplomatie... L'un dans l'autre, il aurait été promis à l'excellence, destiné à évoluer dans les hautes sphères de la société britannique, voué à faire du patronyme Eastwood l'un des plus prestigieux de l'Empire ! Car Theodore n'aurait rien accepté de moins, il n'aurait toléré aucun échec. Dans l'éventualité où sa progéniture était féminine, l'homme se serait assuré la meilleure éducation possible pour elle, ce qui lui permettrait d'effectuer un mariage des plus avantageux le moment venu... Et il se trouvait donc voué à réaliser cette alternative.
Theodore congédia la sage-femme après l'avoir remerciée, souhaitant profiter de cet instant seul avec les siens. La matrone obtempéra, non sans prodiguer quelques conseils à la jeune mère au préalable et lui affirmer qu'elle se trouvait dans la pièce voisine en cas de besoin. Le marin observa la femme s'éloigner puis, une fois qu'elle fut sortie de la chambre, il alla rejoindre son épouse. S'asseyant à son chevet, il eut tout le loisir d'observer la magnifique jeune femme aux cheveux argentés qui portait son nom depuis déjà près d'un an, berçant tout contre elle un petit être qui, Theodore pouvait le sentir, ressemblerait trait pour trait à sa génitrice. Il déposa un chaste baiser sur le front de sa compagne avant de reporter son attention sur le fruit de leurs entrailles. Le visage de l'homme se fendit d'un sourire lorsque la petite main de sa fille se referma autour de son pouce.
« Bienvenue parmi nous, Lenora. » murmura-t-il doucement. Tout comme l'avenir qu'il lui destinait, il avait choisi le prénom de sa descendance des semaines auparavant. Le nourrisson fut baptisé ainsi en l'honneur de la propre mère du lieutenant, Elinor Eastwood, mais aussi car, signifiant "richesse et honneur", ce prénom était porteur de valeurs auxquelles le marin accordait beaucoup d'importance, et qu'il souhaitait de bonne augure. Ainsi entouré de sa famille et rêvant à l'avenir prestigieux qui s'offrait à lui, le membre de la Compagnie des Indes Orientales était loin d'imaginer le tournant que les événements prendraient une paire d'années plus tard.

La nuit venait de tomber sur Bombay et la petite Lenora, alors âgée de deux ans et demi, était au lit depuis longtemps. Cette période de l'année était la plus clémente en Inde, offrant de belles journées ensoleillées à ses habitants, un temps certes chaud mais pas étouffant pour autant. Pourtant, en cet instant précis, Theodore Eastwood suffoquait. Il venait de rentrer d'un long séjour en mer au cours duquel il avait découvert le véritable passé de son épouse. Elle qui s'était présentée à lui comme étant une personne irréprochable et sans histoire s'avérait être en réalité une ancienne capitaine pirate ! L'humiliation qu'il avait subi en apprenant cela de la bouche d'un étranger le blessait autant que si la félonne l'avait poignardé en plein cœur.
De plus, il ne fut pas le seul officier à faire le rapprochement entre son épouse et les histoires à propos d'une pirate aux cheveux d'opale ayant mystérieusement disparu un peu plus de trois ans auparavant  qui circulaient aux quatre coins de l'océan Indien... Le fait était que la position de Theodore, en tant que membre parmi les plus prometteurs de la Compagnie, attisait la jalousie de nombreux confrères et, s'il n'agissait pas rapidement pour enrayer le scandale, il pourrait dire adieu à sa carrière et à ses ambitions. Cette nuit-là, il prit la décision de dénoncer son épouse, exposant sa tromperie en insistant sur le fait qu'il n'avait jamais été mis au courant de son passé, même si cela signifiait que cette dernière finirait sur la potence.
Ainsi, Theodore Eastwood perdit sa femme. Paradoxalement, aussi sinistre que fut son acte, on l'attribua à sa dévotion sans bornes envers la Compagnie, et cela lui permit de gravir les échelons plus rapidement au sein de l'institution britannique : il était évident aux yeux de ses pairs qu'il était prêt à tout pour leur organisme et, par conséquent, il bénéficiait de la confiance aveugle de ses supérieurs, faisant même figure d'exemple pour les plus jeunes recrues. Le choix qu'il avait fait le mena jusqu'à l'obtention du grade ultime quelques années plus tard : le tire d'amiral.
Le marin ne révéla jamais ce sombre épisode de leur passé à sa fille. En effet, Lenora étant trop jeune au moment du drame, elle ne conservait aucun souvenir de sa génitrice. Plus tard, il fut alors facile pour Theodore de prétendre que les quelques réminiscences de petite enfance que la demoiselle semblait conserver avaient eu lieu en compagnie d'une quelconque gouvernante et non de sa mère. De même, lorsque l'enfant le questionnait sur l'identité de sa défunte épouse, il se contentait de lui répondre qu'elle était morte en la mettant au monde.
Quant aux personnes de leur entourage qui connaissaient la véritable histoire, la politesse et les égards dus à la fille de l'amiral suffirent à ce que le sujet ne soit jamais abordé en sa présence, sans compter sur le fait que Theodore leur faisait clairement comprendre que quiconque en parlerait à Lenora s'exposerait à de lourdes représailles. Après tout, ce sombre secret constituait la preuve irréfutable qu'il était prêt à tout pour sauver la réputation des Eastwood. Par crainte ou par respect, son souhait fut respecté et le sujet sensible de son ancienne épouse soigneusement évité.
Ce fut donc sous le regard exigeant d'un père qui fondait en elle tous ses espoirs et dans l'illusion d'une noble vie sans accroc, la perte de sa mère en couches exceptée, que grandit la jeune Lenora.



Et dehors, blanc d'écume,
Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume,
Le sinistre océan jette son noir sanglot.

F
illette, Lenora affirmait déjà un certain caractère. Privilégiée sur un territoire colonisé, l'héritière Eastwood avait du mal à se conformer aux attentes de son entourage. Elle n'était pas particulièrement capricieuse, mais l'éducation bourgeoise qu'elle recevait ne suffisait pas à apaiser son tempérament et l'amiral, alors tout occupé à l'accomplissement de ses plans de carrière, ne disposait pas d'assez de temps à consacrer à la petite pour la remettre sur le droit chemin une bonne fois pour toutes.
Ainsi, l'enfant grandit en cultivant un esprit turbulent en contradiction avec les préceptes de l'instruction digne de la noblesse britannique qu'on lui inculquait. D'ailleurs, elle fréquentait principalement des aristocrates, son père étant particulièrement proche des familles Bloom et Miller et, le hasard faisant bien les choses, ces deux lignées étaient pourvues d'enfants à peine plus âgés que Lenora.
Si Wesley Bloom, de sept ans son aîné, la laissait indifférente, elle nourrissait une aversion certaine pour Alina, la sœur cadette : quelque chose chez elle faisait froid dans le dos à Lenora, sans parler du fait que ses manières et son attitude mielleuse la répugnaient totalement. En revanche, la demoiselle avait tissé une très forte amitié avec Aylin Miller, en dépit de leur trois ans d'écart. Les fillettes avaient en commun un goût certain pour l'aventure et une imagination débordante, tant et si bien que, lorsqu'elles se retrouvaient ensemble, leur environnement se parait d'éclats de rires et la vie paraissait plus colorée et plus animée aux yeux de la jeune Eastwood.

Au cours de l'année de ses dix ans, Lenora prit part à une drôle d'aventure aux côtés d'Aylin. Les deux amies avaient décidé de partir en excursion à travers la jungle indienne, et ce dans le plus grand secret. Levée avant l'aube, la fillette aux cheveux d'opale s'était faufilée hors des murs de la demeure familiale pour rejoindre l'héritière des Miller. Cela faisait désormais trois ans que la famille de sa camarade de jeux avait connu un destin funeste. Aylin n'étant plus tout à fait la même depuis cette tragédie, la petite Leny mettait tout en œuvre pour enchanter le quotidien de son amie ; le fait qu'il faille braver tous les codes de la bienséance et se mettre en danger pour parvenir à ses fins ne constituait en aucun cas un obstacle pour l'impertinente fille de l'amiral.
Patientant calmement devant la résidence Bloom dans laquelle habitait Aylin depuis le drame, Leny s'émerveillait de l'ambiance magique dont recelait Bombay à l'aube : la ville se réveillant, les bruits des premiers commerçants s'affairant sur leurs échoppes, les lumières de la nuit s'estompant à la faveur du soleil doré... Elle était tellement absorbée dans ses pensées qu'elle n'eut pas le temps de s'ennuyer en attendant son amie. D'ailleurs, lorsque cette dernière arriva, la plus jeune fut enchantée d'apprendre que son aînée avait pris des dispositions pour le voyage : « À dos d'éléphant ! » s'était-elle écriée, folle d'excitation, lorsque son amie lui avait parlé de leur moyen de transport.
La visite démarra ainsi, les demoiselles campées sur les pachydermes, lentement guidées à travers la végétation par un natif de la région connaissant l'identité de ses jeunes clientes et qui, dès qu'il avait compris que les filles ne prêtaient pas grande attention à ses explications, se renferma dans un mutisme bienveillant. Lors d'une pause, les deux amies en quête d'aventure décidèrent de s'éclipser dans la forêt tropicale... Dès que le guide s'en aperçut, il paniqua et se hâta de rallier la ville pour en avertir les parents des fuyardes. Ainsi se mit en place une véritable effusion de panique et de colère à l'égard des deux amies et, aussitôt, leurs familles partirent à leur recherche.
Pendant ce temps, les fillettes avaient vécu bien des péripéties et en avaient tellement ri qu'elles se reposaient dans un palais abandonné, semblant avoir subi la colère de Shiva tant il était endommagé et envahi par la végétation. Le lieu était magnifique, laissant les demoiselles libres de rêver et de donner libre cours à leur imagination débordante en se racontant tour à tour mille et une histoires fabuleuses. La journée se déroula comme un rêve pour la petite Lenora, sans code de conduite ni usages à respecter. Cependant, le moment arriva où leurs familles parvinrent jusqu'aux ruines. Inconsciente des dangers auxquels les adultes avaient fait face et que l'enfant aurait pu elle-même encourir, Lenora fut interloquée face à l'attitude de son père. En effet, l'amiral entra dans une colère noire et réprimanda la fillette d'une telle manière que, des années plus tard, elle en gardait encore un souvenir saisissant.
« À partir d'aujourd'hui, tu ne feras plus un pas sans être accompagnée ! » avait alors déclaré Theodore sur un ton qui se voulait sans appel et qui avait fait trembler sa fille... Il avait mis sa menace à exécution : la demoiselle dut batailler durant près de trois années pour obtenir un peu de répit et faire en sorte de pouvoir déambuler à sa guise à l'intérieur de la propriété familiale sans être suivie en permanence.
Ce fut également à cette époque que le Destin lui enleva Aylin. Leny avait assisté, impuissante, au malheur de son amie, ne pouvant l'aider davantage qu'en l'écoutant raconter la tromperie que son fiancé avait commise quelques jours avant leur union. Lorsque l'héritière Miller fut déclarée morte, ce fut comme si l'adolescente aux cheveux argentés perdait un membre de sa famille.
Depuis ce jour, elle n'eut plus personne avec qui partager ses frustrations et ses rêves. Renfermant ses envies de liberté au plus profond d'elle-même, Lenora gardait ses pensées secrètes et attendait de voir arriver le jour où elle pourrait enfin prendre ses propres décisions.



Si tu ramasses un coquillage
et le portes à ton oreille, tu entendras la mer.
Si tu le portes à ta poitrine,
il entendra ton cœur.

L
enora avait toujours été une privilégiée. Fille unique de l'amiral de la Compagnie des Indes Orientales, elle avait toujours été choyée par le personnel du foyer et, comme chaque enfant favorisé grandissant dans une famille fortunée, sa vie en Inde ne connaissait aucun nuage : elle était à l'abri de la pauvreté et des conditions de vie pénibles que subissaient la plupart des gens vivant dans ce pays. Elle ne connaissait de Bombay que sa face reluisante et ses beaux quartiers, néanmoins il s'agissait de sa ville, l'endroit où elle était née et où se trouvaient tous ses repères.
Ainsi, lorsque Theodore la convoqua peu après la fin du déjeuner ce jour-là, la jeune fille était loin de s'imaginer ce qu'il s'apprêtait à lui annoncer. L'amiral était rentré deux semaines auparavant, il avait passé près de dix mois loin de chez eux pour un motif qu'il n'avait pas jugé utile d'expliquer à sa progéniture. « Assieds-toi, Lenora, j'ai à te parler. » lui avait-il dit d'un ton affectueux mais qui ne souffrait aucun refus. La demoiselle était alors âgée de quinze ans, et sa première crainte fut d'entendre son père annoncer qu'il lui avait désigné un fiancé, cette peur injustifiée étant le résidu du fait que Aylin avait son âge au moment où elle aurait du s'unir à Wesley Bloom. « Je ne souhaitais rien te dire avant que les préparatifs soient achevés, mais tout est à présent réglé... Notre vie va radicalement changer dans l'année qui vient. »
Le sourire bienveillant qu'il affichait en cet instant entrait en contradiction avec l'angoisse que ressentait Lenora. Persuadée qu'il voulait la marier, elle se sentit envahie par une bouffée de chaleur et la tête lui tournait. « Mais, père, je... » tenta-t-elle d'amorcer avant que l'amiral ne lève la main à dessein de la faire taire. Baissant les yeux pour ne pas laisser transparaître son inquiétude, l'adolescente posa le regard sur le tas de papiers qui jonchait le bureau de son géniteur : beaucoup de missives, des documents officiels de la Compagnie et des plans... Mais pas des plans de navires, non, ceux de bâtiments. Sa vision se porta à nouveau sur le chef de famille, et ce dernier reprit alors son discours : « Lord Bloom et moi nous sommes vus attribuer un grand honneur par Sa Majesté, celui de conquérir un nouveau territoire et de fonder une nouvelle colonie. Le voyage que je viens d'effectuer avait pour but d'établir le lieu exact de la future cité, d'assurer la sécurité de la zone et de lancer les premiers travaux de construction. Les nouvelles que j'ai reçues ce matin sont bonnes mais il me faut y transférer le siège de la Compagnie pour assurer le bon développement de cette nouvelle province de l'Empire. Lenora, nous allons quitter Bombay. »
Theodore ne voulait donc pas marier sa fille, du moins pas pour l'instant, mais il lui demandait d'abandonner l'Inde, et ce très certainement pour toujours : la demoiselle en fut dévastée. Évidemment, son avis et ses désirs importaient peu et pesaient bien piètrement dans la balance face aux ordres royaux, aussi les navires engagés dans cette fastidieuse entreprise prirent-ils la mer dans les semaines qui suivirent. La traversée de l'océan fut une révélation pour la jeune fille aux cheveux argentés : au cours de leur périple, les navires eurent à essuyer l'attaque de pirates. Un univers jusqu'à lors relégué au rang de fable et de lointain problème incombant à la Compagnie s'anima subitement sous ses yeux et ralluma en elle la flamme de l'aventure qu'elle était parvenue à faire taire jusqu'à présent.
Sophistown n'en était qu'à ses balbutiements, un vaste chantier sur les terres inexplorées d'Australie, lorsque Lenora posa les yeux dessus pour la première fois. Les mois qui suivirent le débarquement furent durs pour l'adolescente envahie par la nostalgie de son pays. En attendant que le futur logement des Eastwood fût achevé, la jeune fille prit ses quartiers dans l'une des ailes du nouveau siège de la Compagnie. La construction de ce bâtiment fut la première à être lancée et, par conséquent, la première achevée. La demoiselle n'appréciait pas vraiment ce logement temporaire, trop sombre et dégageant une atmosphère bien trop austère à son goût. Mais, même si Bombay, sa vitalité, ses parfums et ses couleurs lui manquaient, elle s'efforçait néanmoins de faire bonne figure et fut réellement heureuse lorsqu'elle put emménager dans la nouvelle demeure Eastwood. Il lui fallait voir les choses sous un nouvel angle... L'idée que ce déménagement et ce nouveau départ constituaient la prochaine étape de sa vie, ouvrant la voie à toutes sortes d'aventures, l'aida alors à temporiser son chagrin et elle s'y accrocha fermement.

Sept années passèrent, la ville s'était développée à une vitesse folle, et son expansion était loin d'être finie. En effet, de nouveaux colons venus de tous horizons débarquaient sans cesse pour tenter d'acquérir fortune et renommée à Sophistown. Lenora n'aurait jamais pensé que la jeune colonie du bout du monde qu'elle voyait se construire depuis le commencement aurait pu atteindre un tel niveau en si peu de temps. Désormais âgée de vingt-deux ans, la jeune femme ne pouvait pas dire que ses espoirs avaient été comblés, au contraire : elle vivait toujours dans cette cage dorée où l'avait cantonnée son père depuis sa naissance. Sa seule consolation résidait dans le fait que Theodore n'avait pas encore promis sa main, bien qu'elle eût atteint l'âge de prendre un époux depuis déjà quelques années. Ces derniers temps, cependant, elle sentait l'étau se resserrer.
Lewis Talbot n'était autre que le commodore de la Compagnie, le plus étroit collaborateur de Theodore au sein de l'organisme. Lorsque son père avait exprimé le désir de lui présenter son bras droit, Lenora s'était attendue à voir une personne d'un certain âge, aussi sérieuse et implacable que son père... Mais ce fut un homme beaucoup plus jeune qui vint à sa rencontre. La fille de l'amiral ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi le commodore s'entendait si bien avec son père : la même passion du métier les animait et Lewis semblait être quelqu'un de réfléchi et intelligent, il paraissait en possession de toutes les qualités requises pour que Theodore le remarque et lui accorde son estime. Au début, leur relation était purement formelle, les deux jeunes gens se croisaient de temps à autre et n'échangeaient que des banalités. Avec le temps, cependant, Lewis sembla accorder plus d'intérêt à leurs entrevues, s'investissant davantage dans leurs conversations... Si Lenora ne remarqua pas immédiatement le changement dans son comportement, il lui fut de plus en plus difficile de l'ignorer au fil des semaines. De son côté, la jeune femme ne voyait pas l'intérêt qu'il lui portait d'un bon œil. Toutefois, elle n'avait rien à reprocher au commodore : sa cour n'étant ni empressée ni clairement avouée, cela évitait à la demoiselle d'avoir à les mettre tous deux dans une situation gênante en repoussant ses avances.
Non, elle ne souhaitait pas épouser Lewis Talbot, malgré sa situation avantageuse et l'amitié qu'elle pouvait lui porter... Aussi se sentit-elle complètement démunie lorsque, convoquée par l'amiral directement après qu'il se soit entretenu avec son bras droit, elle entendit son père prononcer ces mots : « C'est un grand jour, Lenora ! Le commodore Talbot vient de me faire part de ses intentions à ton égard, et j'ai bien évidemment répondu favorablement à sa requête. » Il marqua une pause pour jauger l'expression faciale de sa fille mais le visage de cette dernière demeurait tout à fait fermé et, en l'absence de réaction, il reprit : « Tu n'es pas sans ignorer que nous devons prendre la mer dans quelques jours et, ce départ ne pouvant être différé, vos noces devront attendre notre retour. » Abasourdie de voir que toutes les dispositions avaient déjà été prises sans même que l'on ne lui demande son avis, Lenora se laissa choir sur une chaise. Son teint livide inquiéta l'amiral qui s'enquit alors de son état. « Eh bien, qu'y a-t-il ? Que dis-tu de cela ? » Le ton qu'il avait employé laissait transparaître sa satisfaction, ce qui suffit à attiser la colère de sa fille. Soutenant le regard de Theodore, la demoiselle ne parvenait plus à se contenir. « Mon avis vous importerait-t-il subitement, père ? Avez-vous au moins envisagé l'éventualité de mon refus avant d'organiser la noce ? »
Les yeux brillants de rage, la voix portant de plus en plus fort, Lenora se releva brusquement pour se camper fièrement sur ses deux pieds dans la posture la plus digne et la plus imposante possible que sa petite taille permettait. « Je décline la proposition de Monsieur Talbot. Je ne l'épouserai pas ! » déclara-t-elle alors, ce qui provoqua une vive réaction de la part de l'amiral. Lui aussi s'était levé et avait violemment frappé du poing le bureau, dans le but d'imposer le silence à son enfant. « Il suffit ! Comment oses-tu me désobéir de la sorte ?! De ma vie entière, tu ne m'as jamais autant déçu ! » Profondément touchée par ce reproche, Lenora sentit sa gorge se nouer. Elle serra les poings pour tenter d'empêcher ses larmes de couler, en vain. Honteuse de se montrer si faible, la jeune femme ne pouvait prononcer un mot sans éclater en sanglot et se promit intérieurement de ne pas capituler aussi facilement. Theodore, de son côté, interpréta les pleurs de sa fille comme une victoire. Pensant que la jeune femme ouvrait enfin les yeux et que ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne se résigne, il s'apaisa légèrement et lui accorda un répit : « Nous reprendrons cette discussion plus tard. Sors d'ici, à présent. » Silencieuse, la demoiselle aux cheveux d'opale s'exécuta et courut se réfugier dans sa chambre. Elle ne disposait que de quelques jours pour convaincre son père de revenir sur sa décision, moyennant quoi il lui faudrait trouver une autre solution pour échapper à ce mariage.



Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

I
l ne fallut pas longtemps à Lenora pour se rendre compte que la décision de l'amiral était sans appel. Après l'annonce des fiançailles, père et fille confrontèrent leurs opinions sur le sujet à chaque occasion, mais la jeune femme dut se rendre à l'évidence : Theodore n'avait aucunement l'intension de céder. Le temps n'étant plus aux négociations, la demoiselle aux cheveux argentés chercha le moyen de fuir la noce et en vint à la conclusion que sa meilleure chance de trouver le bonheur était de partir loin de Sophistown, de refaire sa vie dans un endroit où son père ne pourrait pas la retrouver et où personne ne la connaissait. Obnubilée par l'urgence de la situation, elle ne réalisa pas à quel point ce projet était inconsidéré... Mais comment la jeune femme, coupée de la réalité du monde extérieur depuis son plus jeune âge, pouvait-elle comprendre l'absurdité de sa démarche ?
La veille du jour annonçant le départ de l'amiral, Lenora profita du fait que son père soit occupé à régler les derniers détails de son voyage pour se rendre au port. Là, elle fit la rencontre d'un marin qui lui apprit que le navire marchand sur lequel il officiait prévoyait de larguer les amarres en direction de l'Europe le lendemain à l'aube. « Pour sûr, mam'zelle ! Si vous avez de quoi payer, le capitaine vous laiss'ra monter à bord ! » lui assura-t-il lorsque la jeune femme demanda s'ils prenaient des passagers. Bien résolue à aller jusqu'au bout, Lenora requit alors de parler au capitaine et conclut un accord avec lui : en échange d'une coquette somme, elle pourrait effectuer la traversée incognito et en toute sécurité, bénéficiant même d'une cabine privative. Ce marchand, bien que sensible au tintement de l'or, n'en demeurait pas moins un gentilhomme civilisé et respectueux. Satisfaite de cet échange, il ne restait plus à Lenora qu'à rassembler l'argent nécessaire avant le lendemain et, loin d'être dans le besoin, la demoiselle aux cheveux d'opale parvint sans mal à son but.
Le soleil brillait encore faiblement lorsque Lenora quitta la demeure familiale. La veille, elle s'était vue forcée de sortir en compagnie d'un chaperon, duègne qu'elle était d'ailleurs parvenue à semer le temps de converser avec les marins du port et d'organiser son évasion de la colonie. Ce matin-là, elle eut la sensation d'être un hors-la-loi s'évadant de prison lorsqu'elle partit en cachette avec, pour seuls bagages, une bourse et un baluchon contenant le strict nécessaire. Le temps pour elle de rallier le port que, déjà, la ville s'agitait. « Êtes-vous certain que nous serons en mesure de quitter le port sur l'heure ? » demanda-t-elle une fois à bord, anxieuse de voir l'amiral surgir sur les quais d'un moment à l'autre. « Pas d'panique, mam'zelle, c'est plus qu'une question d'minutes avant qu'on lève l'ancre. » lui répondit le matelot auquel elle s'était adressée la veille sur un ton qui se voulait rassurant et, en effet, le navire s'ébranla bien avant que soixante minutes ne fussent écoulées.
S'il ne s'agissait pas du plus grand ni du plus luxueux des navires, Lenora bénéficiait tout de même d'un certain confort à bord : la cabine promise, les repas à la table du capitaine... Elle était traitée en hôte de marque sur le vaisseau. De plus, l'équipage avait, jusqu'à lors, bénéficié de conditions météorologiques plutôt avantageuses. Plus les jours passaient et plus la jeune femme se rapprochait de son but. Malheureusement, le Destin voulut qu'elle ne l'atteignît jamais : une semaine et demi après le départ, les marchands furent attaqués par des pirates. Il n'y avait qu'un navire, mais son équipage ne mit pas longtemps à mettre en échec le bateau commerçant. Tout au long de l'attaque, Lenora demeura cachée dans sa cabine, selon les conseils du capitaine. Ainsi, incapable de deviner l'issue de l'affrontement, elle fut mortifiée de constater son impuissance face à la situation. Pire encore, lorsque sa porte s'ouvrit à la volée pour laisser apparaître un forban dans son champ de vision, elle ne put retenir son cri. L'homme éclata de rire avant de l'empoigner violemment par le bras et de la traîner sur le pont, les efforts de la jeune femme pour se dégager de son emprise se révélant vains.
« Capitaine ! R'gardez un peu c'que j'ai trouvé ! » annonça alors le pirate, hilare, en poussant Lenora devant lui. Déséquilibrée, la demoiselle tomba à genoux et ses yeux se posèrent alors sur une paire de bottes en cuir noir plantée juste devant elle. Lentement, elle releva la tête jusqu'à ce que son regard croise celui, d'un bleu glacial, du-dit capitaine. Un sourcil arqué, ce dernier saisit fermement le menton de la jeune femme pour la forcer à se relever et l'observer de plus près. « Voyons voir ce qu'on a là... » grogna-t-il. Risquant le tout pour le tout et, en dépit de sa terreur, la fille de l'amiral tenta de mettre à profit le peu de temps qu'il lui restait pour convaincre l'homme de ne pas la tuer. « Comment osez-vous ?! Lâchez moi ! » proclama-t-elle d'un ton impérieux qui ne sembla pas impressionner son interlocuteur. « Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! Si vous me tuez, c'est votre propre acte de décès que vous signez ! » renchérit-elle. Cette fois-ci, le capitaine pirate haussa un sourcil, geste que Lenora voulut interpréter comme étant un signe d'espoir : si son discours parvenait à le convaincre, elle pourrait peut-être sauver la vie de l'équipage marchand, ainsi que la sienne. « Je suis Lenora Eastwood, fille de Theodore Eastwood, l'amiral de la Compagnie des Indes Orientales ! » énonça-t-elle alors fièrement, pensant que le seul nom de son père suffirait à faire frémir son adversaire et à le mettre en échec. Cependant, au lieu de fuir sans demander son reste, le pirate réagit tout autrement : ses yeux se mirent à briller d'une étrange lueur et un demi-sourire fendit ses lèvres. Ne réalisant pas l'erreur qu'elle venait de commettre, la demoiselle aux cheveux argentés sentit que les choses n'allaient pas se dérouler comme elle l'avait espéré. Un frisson d'effroi parcourut son échine tandis que le capitaine pirate raffermit sa prise sur sa mâchoire.

C'est ainsi que Lenora devint la captive d'Ace Spades, capitaine du Burning Bright. Là où la jeune femme avait cru impressionner le pirate, elle lui avait en réalité révélé des informations précieuses sur son identité, ce qui avait suffi au forban pour décider de faire d'elle un otage qu'il marchanderait à prix d'or auprès de l'amiral. Le jour touchait à son terme lorsque l'assaut prit fin. Après avoir dépouillé le navire marchand de sa cargaison ainsi que de ses vivres, l'équipage de pirates avait regagné son navire, emportant à son bord l'héritière Eastwood. Le capitaine marchand avait bien tenté de s'interposer, mais Spades avait été le plus rapide des deux à dégainer. La vision du marchand se vidant de son sang fit hurler Lenora, cris auxquels les pirates remédièrent en la bâillonnant. « Enfermez-la dans la cale. » avait ensuite ordonné Ace, avant de retourner vaquer à ses occupations. « Oui, capitaine ! »
Deux matelots se chargèrent de cette mission, tantôt poussant Lenora à grands coups, tantôt la tirant derrière eux à en disloquer ses épaules. Il fallait dire que la jeune femme se débattait encore, en dépit du désespoir de sa situation, ce qui ne facilitait en rien la tâche des forbans. Elle avait réussi à les mettre hors d'eux lorsqu'ils parvinrent à destination, tant et si bien qu'ils la jetèrent violemment sur le sol d'une cellule avant d'en refermer l'accès derrière eux. Il n'était pas rare de voir la cale d'un navire pirate affublée de barreaux, les équipages ayant parfois besoin de prendre en otage les victimes de leurs assauts. « Petite traînée, on va voir si tu f'ras encore la maligne quand j'en aurais fini avec toi ! » lâcha alors l'un des deux matelots en lançant un regard malsain à la demoiselle. « T'as de la chance que j'doive aller prendre mon quart mais ne t'en fais pas poupée, je reviendrai cette nuit... » ajouta-t-il avant d'éclater de rire, ce qui glaça d'effroi la fille de l'amiral.
Le pirate s'éloigna alors, mais le mal était fait : ses comparses, qui se trouvaient autour d'eux et qui avaient écouté les menaces de l'homme, tournaient désormais des yeux avides en direction de Lenora, des sourires lubriques accrochés aux lèvres. Le cœur battant, la demoiselle ôta le bâillon de sa bouche, pensant qu'une grande inspiration l'aiderait à trouver une solution face au problème qui s'amorçait. En effet, le cercle des matelots se resserrait peu à peu autour de la cellule, au fur et à mesure que la lumière du jour décroissait. L'un des hommes, plus téméraire que les autres, se décida finalement à passer à l'action : « Pourquoi attendre la nuit ? Allez, pleure pas, poupée, je vais te consoler tu vas voir... » murmura-t-il en brandissant la clef de la geôle. Adossée contre la paroi opposée, Lenora était tétanisée. Le matelot se glissa dans la cellule et avança lentement dans sa direction, ce qui ne faisait qu'augmenter la peur de la demoiselle. « Ne... N'approchez pas ! » tenta-t-elle d'argumenter, suppliant l'homme du regard. Ce dernier répondit par un rire mauvais. « Et qu'est-ce que tu vas faire ? Me frapper avec tes p'tits poings ? » renchérit-il avant de refermer ses doigts autour du poignet de la captive.
« Laissez-moi ! » hurla cette dernière, juste avant que l'homme ne lui plaque la main sur la bouche. Sentant la panique l'envahir, Lenora ne prit pas le temps de réfléchir et mordit le pirate de toutes ses forces. Le matelot laissa échapper un juron sonore et fit un pas en arrière. « Qu'est-ce que vous attendez ?! Venez m'aider ! Tenez-la ! » ordonna-t-il alors à ses compagnons, qui ne tardèrent pas à se mettre en mouvement. Submergée par le nombre, la demoiselle se sentit basculer sur le sol, incapable d'effectuer le moindre mouvement malgré ses multiples tentatives. « Non ! NON ! » criait-elle, refusant de capituler.
Ses clameurs alertèrent sans doute le reste de l'équipage car, quelques secondes plus tard, et alors que les hommes n'étaient pas encore parvenus à leurs fins, un coup de feu retentit dans la cale. Instantanément, tout le monde se figea. Lenora, haletante, était trop déboussolée pour comprendre ce qu'il se passait. Les pirates l'avaient lâchée et semblaient s'être éloignés. Des bruits de lutte parvenaient à ses oreilles mais elle demeurait étendue sur le sol, sous le choc. Soudainement, elle se sentit soulevée dans les bras d'un individu, un contact qui la fit frissonner et qui lui fit reprendre un peu ses esprits. Tentant de protester et de se dégager de cette étreinte, elle ne parvint pas à grand-chose : complètement vidée et comme à bout de force, la jeune femme se résigna et cessa de se débattre, des larmes silencieuses coulant le long de ses joues tandis qu'elle imaginait les pires scenarii. Le mot "cabine" fut prononcé, il se fraya un chemin dans le brouillard qui entourait son esprit et son cœur se serra.
La noirceur de la nuit et l'étrange silence qui régnait actuellement parmi les hommes ne firent qu'accentuer son malaise et, au paroxysme de l'angoisse quant à son avenir incertain et aux horreurs qui semblaient l'attendre, Lenora Eastwood s'évanouit.



Roule, ô Océan profond, roule tes flots d'un bleu sombre !
L'homme, sur la terre, marque ses pas avec des ruines,
mais son pouvoir s'arrête au rivage ;
sur ta plaine liquide, c'est toi seul qui fais les naufrages.

C
ombien de temps s'était écoulé entre le moment où Lenora avait perdu connaissance et celui où elle reprit ses esprits ? La jeune femme n'aurait pu le dire. Tout ce dont elle se souvenait, lorsqu'elle revint à elle, ce fut les voix étouffées de deux hommes discutant de son sort. Elle ouvrit les paupières et sa vision mit quelques secondes à s'adapter à ce nouvel environnement. Un plafond et des parois en bois, des meubles posés çà et là, encombrés de babioles, d'étoffes et de papiers en tous genres. Elle bougea le bras et se rendit compte qu'elle se trouvait étendue sur une surface moelleuse : un lit. À cette découverte, son coeur manqua un battement et la demoiselle se redressa brusquement, palpant son buste pour vérifier qu'elle était toujours habillée. Le geste rapide qu'elle venait d'effectuer lui fit tourner la tête, elle n'eut d'autre choix que de s'étendre à nouveau. Désorientée, elle pouvait au moins se rasséréner en constatant que personne ne semblait avoir touché à ses vêtements.
« Calmez-vous, mademoiselle... Tout va bien. » prononça-t-on sur un ton qui se voulait bienveillant. Tournant la tête en direction de la voix qu'elle avait reconnue comme étant l'une de celles qui l'avaient réveillée, Lenora posa les yeux sur l'homme assis à son chevet. Sans doute perçut-il l'inquiétude qui émanait de la demoiselle car il reprit la parole sans attendre : « Je me nomme Flynn Tyler et je ne vous veux aucun mal. » L'homme parlait sur un ton calme et apaisant, sa manière de s'exprimer étant des plus civilisées, ce qui encouragea inconsciemment la fille de l'amiral à lui faire confiance. « Où suis-je ? » se risqua-t-elle à demander d'une petite voix enrouée. Un soupir à l'autre bout de la pièce retentit alors, ce qui fit sursauter Lenora. Elle avait totalement occulté la présence de la seconde voix et, à présent qu'elle se manifestait de nouveau, elle put constater qu'il s'agissait du capitaine pirate, adossé contre l'embrasure d'une porte. Surprise, la demoiselle aux cheveux argentés se figea, tandis qu'Ace Spades, visiblement agacé par cette conversation, sortit de la salle sans plus de cérémonie. « Vous êtes toujours à bord du Burning Bright, et ceci est la cabine du capitaine. » énonça Flynn comme si son supérieur n'avait jamais été là.
« Qu.. Qu'est-ce que cela signifie ? » demanda Lenora, soudainement prise de panique en réalisant la mauvaise posture dans laquelle elle se trouvait toujours : l'attaque des pirates avait donc bien eu lieu, le capitaine marchand était bel et bien mort, et elle se retrouvait prisonnière d'un rustre sanguinaire... « J'ai bien peur qu'il vous faille demeurer ici le temps que vous resterez à bord, pour des raisons de sécurité. » répondit simplement Flynn avec un sourire désolé. En vue du drame auquel elle avait échappé, Lenora ne comprenait que trop bien ce qu'il voulait dire... Cependant, elle était loin de se sentir à l'aise, à nouveau prisonnière, aussi confortable que fut la cage. « Si vous voulez bien m'excuser... Je vais vous laisser, à présent. » ajouta-t-il avant de se lever et de se diriger, à son tour, vers la porte. Lenora eut à peine le temps de le remercier qu'il avait déjà disparu.
Désormais seule, la demoiselle aux cheveux d'opale put donner libre cours à son désarroi. La situation n'aurait pas pu être pire : au lieu d'échapper au mariage arrangé par son père et de démarrer une nouvelle vie loin de Sophistown, elle se retrouvait de nouveau piégée dans une situation qui ne lui convenait pas du tout. Elle venait même de remercier un pirate ! Un pirate ! Mais le pire restait à venir... En effet, lorsqu'elle vit débarquer le capitaine dans la cabine, ce soir-là, quelle ne fut pas sa surprise d'apprendre qu'il n'avait nullement l'intension de céder les lieux à son usage exclusif ! Outrée, Lenora avait bien tenté d'argumenter mais, en dehors de l'annonce faite par Spades pour l'informer du fait qu'ils allaient devoir partager l'habitacle, le pirate se contenta de l'ignorer et de vaquer à ses occupations. Il ne lui adressait guère la parole et ne tentait rien à son égard, comme si elle ne représentait qu'un bibelot ornemental perdu parmi les autres objets se trouvant là. Cette solitude forcée dans lequel la fille de l'amiral se trouvait plongée lui donna alors l'occasion de réfléchir à un moyen de s'enfuir du navire.

Cela faisait à présent trois semaines que Lenora se trouvait retenue contre son gré sur le Burning Bright. Le capitaine avait chargé deux mousses de se relayer nuit et jour devant la porte de sa cabine afin de s'assurer que la captive ne sorte pas sans qu'il eût besoin de verrouiller la porte après chacune de ses allées-et-venues. La nuit était déjà bien avancée lorsque Leny décida de passer à l'action. Ce soir-là, le capitaine n'était pas rentré, ce qui ne pouvait que constituer un avantage pour la jeune femme. Elle avait amplement eu le temps de mettre au point son projet d'évasion, et elle ne supportait plus la cohabitation silencieuse et morne avec Ace Spades. La première phase de sa fuite consistait en l'élimination du garde. Alors, après s'être saisie d'une bouteille de rhum qui traînait sur une étagère, elle entreprit d'appeler à l'aide. Postée juste à l'entrée, bouteille brandie en l'air, elle attendit que le mousse ouvrît la porte et fît un pas en avant pour lui asséner un coup sur le crâne. Elle y avait mis toutes ses forces et, si la bouteille ne se brisa pas, au moins le jeune pirate tomba-t-il au sol, inconscient. « Je suis vraiment navrée ! » murmura-t-elle en imaginant la bosse qui ne tarderait pas à poindre.
N'ayant pas une minute à perdre, elle prit le maigre baluchon qu'elle avait préparé en vue de son départ et qui se composait du peu de nourriture et d'eau qu'elle était parvenue à subtiliser lors des repas sans attirer l'attention de Spades. Elle décida de garder la bouteille avec elle, en guise d'arme, et s'élança sur le pont du bateau. Tout était calme et la lune, masquée par d'épais nuages, éclairait le Burning à grand-peine. La demoiselle se mit alors en quête d'un canot et, par chance, ne croisa personne jusqu'au moment d'atteindre son but. Là, elle balança ses quelques affaires dans la barque, y pénétra à leur suite et s'immobilisa pendant quelques secondes, cherchant le moyen de faire descendre l'embarcation. Assaillie par la panique, elle finit par comprendre que la solution résidait dans l'amas de cordages attaché au bateau et, n'ayant pas emporté d'objet tranchant, elle entreprit alors de dénouer les multiples guindes.
Ce fut le bruit émis par le canot lorsqu'il heurta la surface de l'eau qui mit l'équipage en alerte. De son côté, Lenora s'efforçait de ramer le plus rapidement possible, bien que n'ayant jamais effectué uen telle tâche auparavant. Le coeur gonflé d'espoir, elle s'éloignait peu à peu du vaisseau et s'imaginait déjà avoir trop d'avance sur les pirates pour être ratrappée... Ce qui démontrait bien à quel point elle ignorait tout des forbans. En moins de temps qu'il ne fallut à la fille de l'amiral pour sortir de la cabine et mettre la barque à flots, une demi-douzaine d'hommes menés par le capitaine lui-même désamarra une seconde embarcation et se lança à sa poursuite. Une dizaine de minutes suffit pour les voir arriver à sa hauteur et immobiliser le canot dérrobé par la fugitive. Spades ordonna alors la capture de Lenora, elle fut ligotée et fermement maintenue sur le sol de la chaloupe, tandis que le capitaine et une partie des hommes montaient à bord pour prendre possession des rames et rallier le Burning Bright.
Une fois les deux canots amarrés au navire, la jeune femme fut ramenée dans la cabine. Ace aboya alors l'ordre de sortir à tous ses hommes et, le regard enragé, il se précipita sur sa prisonnière. Ses mains empoignèrent les bras de la captive avec force pour la plaquer contre la paroi la plus proche. Dans la violence du geste, la tête de Lenora cogna contre les lames de bois. « Je crois que nous ne nous sommes pas bien compris, mademoiselle Eastwood ! JE suis le capitaine de ce navire ! VOUS êtes MON otage et, de ce fait, vous m'appartenez ! Vous pouvez hurler, pleurer et me mépriser autant que cela vous chante mais vous n'en restez pas moins ma prisonnière et c'est la dernière fois que vous tentez de vous enfuir ! Si vous recommencez, je vous promets que votre petite mésaventure dans la cale ne sera qu'un joyeux souvenir à côté de ce que je vous ferai subir ! Suis-je assez explicite ? »
Tremblante d'effroi, Lenora se sentait prête à défaillir d'une minute à l'autre. Incapable de prononcer le moindre mot, la jeune femme hocha faiblement de la tête pour signifier au pirate que le message était passé. Suite à cela, Spades la relâcha et, sans rien ajouter, il lui tourna le dos et sortit de la cabine. La demoiselle entendit distinctement la clef tourner dans la serrure et elle se laissa glisser sur le plancher, vidée. À présent qu'elle avait échoué, elle se rendait compte de l'absurdité et du danger de son entreprise. Fuir était tout simplement impossible et tout espoir s'éteignit en elle tandis que Leny sentait ses forces s'évaporer peu à peu. Elle fondit en larmes et se recroquevilla à même le sol, complètement épuisée. Lentement, une idée s'insinua dans son esprit : il n'y avait qu'un seul moyen pour elle de quitter cet enfer. Alors, bornée comme elle l'était, la jeune femme se mura dès cet instant dans le silence et entreprit une grève de la faim. Puisqu'elle n'avait pas d'autre solution et que son avenir ne lui promettait qu'une existence captive, que ce soit à bord de ce navire ou enfermée dans un mariage dont elle ne voulait pas, Lenora renoncerait donc à vivre et, ce faisant, elle avait la ferme intention de contrecarrer les plans son geôlier !
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Esprit des Eaux
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Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » Esritdeseauxx
₪ BOUTEILLES À LA MER :
296
₪ PHRASE FETICHE :
The sea is emotion incarnate. It loves, hates, and weeps.
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MessageSujet: Re: Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. »   Lenora ₪ « The sea, once it casts its spell, holds one in its net of wonder forever. » EmptyDim 17 Avr - 18:25

Engagé, Moussaillon !
₪ L'océan Indien T'offre ses Secrets !
Ça y est, vieux loup de mer, tu as réussi à te retrouver à bord du navire ! Alors, qu'est-ce que ça fait ? Tu n'as pas le mal de mer, au moins ? Ce serait vraiment dommage ! Bon, trêve de plaisanterie, c'est maintenant que les choses sérieuses commencent pour toi, matelot ! Tu es validé, ce qui signifie que tu peux désormais aller poster dans les autres parties du forum : la cabine où tu établis tes liens & tes RPs, la soute où tu peux flooder et jouer tout ton soûl mais surtout la partie RP ! Bah oui, c'est quand même pour ça que t'es là à la base, non ? Va donc consulter la seconde partie du guide du marin d'eau douce si tu veux être sûr de ne passer à côté de rien d'important ! En tout cas, encore un gros merci de la part du Staff pour tenter l'aventure parmi nous... Le forum t'ouvre ses bras, c'est maintenant à toi de jouer !
QUE L'ESPRIT DES EAUX T'ACCOMPAGNE !
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